Salut mon lecteur ! Une nouvelle interview pour bien terminer 2017, et en cette période de fêtes, pourquoi pas finir sur une approche underground et alternative de la figure christique ? AJ Dirtystein est un électron libre des spiritualités d’inspiration chrétienne et elle propose un travail artistique qui interroge fondamentalement le corps et l’incarnation, autour du sang et des fluide Autant dire un pavé dans la marre de Noël, qui dérange surement mais qui impose de se poser quelques questions… plongeons dans son étonnant univers, le temps d’une interview et peut-être plus si affinités…
AJ Dirtystein, artiste spirituelle, mystique incarnée
AJ est une femme sympathique, ouverte, souriante et à tendance végétarienne. Elle m’a accueillie chez elle avec du thé, tu sais, cette marque qui véhicule des messages positifs, mais aussi avec des petits gâteaux et des fruits frais. Il y avait un joli sapin de Noël et nous avions des grosses chaussettes pour nous tenir chaud. Il y avait aussi, sur les murs, des représentations du Christ avec sa couronne d’épines au cœur transpercé, de Kali en danse extatique et d’autres représentations de transes parfois impressionnantes, et pour finir, une bibliothèque comme je les aime : Tarot de Marseille, psychanalyse jungienne et spiritualités diverses au rendez-vous.
C’est tout ça, AJ Dirtystein : une femme à la richesse intérieure profonde et kaléidoscopique qui ne se laissera pas enfermer dans un seul carcan. Ses performances, aussi symboliques que potentiellement dérangeantes, reflètent un parcours intérieur qui refuse les refoulements. Qui les regarde en face pour mieux les apprivoiser au contraire.
Artiste et Tarologue mais aussi érudite, elle s’intéresse aux symboles qui trainent dans le fond de la psyché. Ensuite, elle partage…
Un art des fluides primitifs pour interroger l’incarnation
Difficile de présenter le travail de AJ, parce que le principe c’est précisément qu’il s’adresse non pas au cerveau, mais au cœur ou aux tripes. C’est ce qui ressort de ses performances, c’est ce que les gens qui y ont participé en disent.
AJ aime les fluides et les travaille, les apprivoise, joue et danse avec. Par fluide, on entend le sang, mais pas seulement. Elle utilise les œufs, le lait, le miel… si tu t’intéresses un tant soit peu à la symbolique de ces aliments, nous touchons à tout ce qu’il y a de plus primitif : oeuf cosmique, lait maternel de la vache primitive (aussi bien en Inde qu’en Egypte antiques). Quant au miel, c’est le tout premier édulcorant utilisé par l’humanité et sa couleur d’or en ferait presque le sang des dieux…
Parlons-en, du sang : libérons-le de l’imagerie de la mort et de la guerre. Le sang, c’est le véhicule de la vie. Pompé directement par l’un des organes les plus symboliques qui soient, le cœur.
Le travail d’AJ est perturbant, pour moi la première. Ce qui est sûr, c’est qu’il ramène à l’animalité primitive et à toute la vie aquatique intra-utérine. L’œuf est aussi celui des ovaires. Le lait celui de la Mère. Le sang celui de l’Utérus originel et de l’accouchement. AJ nous renvoie à l’indicible qui se trouvait là avant tout le reste. C’est sale, ca colle, ça glue… oui, mais en fait, c’est ça, la vie…
L’artiste propose une réflexion sur le corps non plus comme un tabou, mais comme le véhicule d’un esprit que notre civilisation a coupé de sa matérialité. L’incarnation n’est plus une prison mais le lieu d’une expérience transcendantale, dont on peut dépasser tous les défis. Elle propose l’expérimentation d’une spiritualité qui se rappelle que le Christ est né Homme, avec un cœur qui bat et du sang qui coule. Un humain qui a traversé l’épreuve de la Passion (déploies toute la portée étymologique et toutes les connotations de ce terme pour en effleurer la profondeur) et qui en est ressorti élevé. Un humain né d’une femme et entouré par les femmes, qui ont été ses premières et ses plus ferventes porte-parole. AJ touche par le corps, par le sang et par les fluides la nature profonde de l’humanité, à la fois animale et spirituelle. Elle contacte le cœur comme trait d’union entre la tête et le ventre. Bref, elle ramène la spiritualité à la terre et aux profondeurs de la primitivité.
Passionnant… comment puis-je suivre le travail d’AJ ?
AJ parle beaucoup de la performance qu’elle va proposer le 11 janvier 2018, et si je me suis précipitée pour aller l’interviewer c’est précisément parce que l’information m’est parvenue le jour même où j’ai moi-même partagé le rituel pour accompagner une fausse couche. A ce stade, je ne peux plus que te recommander d’aller expérimenter toi-même, pour voir ce que ca te fait. En ce qui me concerne, la place est déjà réservée !
PERFORMANCE CEREMONIE – LE SANG TABOU DE L’HUMANITE
Tu peux aussi la suivre sur Facebook : elle y partage tous ses événements. AJ Dirtystein
J’ajoute également le lien de sa video Don’t Pray for us qui peut te faire découvrir sa chaine sur Vimeo !
Dans un autre registre, j’évoque dans l’interview le travail d’Emmanuelle Duchesne et la Méditation orgasmique, que j’ai déjà rencontré. N’hésites pas à (re)découvrir cette approche de la spiritualité par le corps, d’une façon encore très différente !