Salut mon lecteur ! Aujourd’hui je te parle d’une des figures qui a le plus influencé mon regard sur le monde. Et je ne suis pas la seule. A la fois héritier et détracteur de Freud, Carl Gustav Jung a laissé une trace indélébile de son passage. Il est devenu un incontournable de la sphère éso-païenne, du fait de ses recherches et de ses propositions concernant notament la notion de synchronicité et celle d’Archétypes, qui nourrissent admirablement nos biais de confirmation (à tort ou a raison ? Je te dirais que ca dépend !)

Mais qui est-il, ce Carl Jung ? Franchement, je ne prétendrai pas répondre mieux que ses biographes. Voici un petit apperçu de quelques facettes de cet homme protéiforme, et je t’invite et t’encourage à te colletiner directement son travail ou celui des spécialistes. Ici, tu trouveras une humble entrée en matière, la mienne.

Le psychanalyste

Carl Jung a exercé le métier de psychanalyste. Disciple de Freud, il a consulté et accompagné dans la guérison psychique des centaines, surement des milliers de personnes plus ou moins célèbres et, j’imagine, avec plus ou moins de succès. Il a consacré sa carrière à l’étude de la psyché humaine et de son fonctionnement, mettant au jour par exemple le concept d’inconscient collectif (une espèce de réservoir commun de thèmes qui appartiennent à l’humanité toute entière et qui l’inspire sans qu’elle s’en rende compte), développant celui d’archétype. Ainsi, des thèmes et des types récurents se retrouveraient-ils à travers le temps et l’espace, de façon universelle, dans toutes les constructions psychiques du monde, mais avec des habits différents en fonction des besoins spécifiques de la peuplade concernée… un exemple ? Le type du Magicien. Si tu es rôliste, tu baignes dans la culture Jungienne jusqu’au cou. L’apport pour les créatifs qui travaillent avec les personnages, pour les personnes passionnées de mythologie comparée ou pour toute personne intéressée par le fonctionnement de sa propre psyché et de celle de l’humain en général (genre les responsables des ressources humaines, managers et autres professions de ce genre : ne vous leurrez pas, une grosse partie de vos outils est héritée du travail de Jung) ne peut se passer de jeter un oeil sur le travail de Jung. Il a évidement ses limites : on parle d’un homme né en 1875, soit il y a presque 150 ans… certains concepts sont éternels, mais la façon dont ils ont été abordés alors peut tout à fait nécessiter une petite (ou une grosse) mise à jour…

Le mystique

Pourquoi Jung a t-il été si longtemps passé sous silence dans le monde francophone ? Parce qu’arrivé à un certain âge, il s’est lancé dans sa propre quête intérieure en arrêtant de craindre pour sa carrière et a “viré mystique”. Ce n’est pas moi qui vais le blamer. Mais en France, on n’aime pas trop les mystiques. On a tendance à les décrédibiliser direct, dans les milieux universitaires.

Mais pour les éso-païens, c’est une manne. Pourquoi ? Parce qu’il met des mots et analyse des sujets et des concepts (de l’alchimie au yoga, en passant par de nombreuses mythologies) qui font vibrer les apprentis sorciers. Le risque ? Utiliser ses propos pour tout justifier n’importe comment et sans recontextualiser. Comme avec n’importe quelle personne qui a dit des trucs un peu intéressants.

L’homme (et ses ombres)

Je le disais plus haut, Carl Jung est “juste un homme”, avec ses failles. C’est un mâle blanc cis-genre hétérosexuel né au XIXe siècle dans une famille catholique, ayant un poste à prestige, un médecin avec une aura d’autorité qui nécessite de le regarder avec un certain recul. Il y a des fois où il a merdé. Et puis d’autres fois où il n’a pas merdé, mais où son comportement n’a pas plu à tout le monde. Il n’a pas été exempt des dramas qui nous secouent nous aussi, avec Freud, notamment, qu’il a “quitté” parce qu’il refusait d’adhérer aveuglément au dogme du grand gourou de la psychanalyse (j’admets, je suis de parti pris, je n’aime pas beaucoup Freud). Il a eu une vie de couple, avec laquelle il a du composer, et des mœurs originales (il était polygame). Il semble aussi qu’il a eu des propos antisémites au moment de la deuxième guerre mondiale, qu’il n’a jamais réitéré (Tu trouveras quelques infos dans le podcast que je cite en fin d’article, autour de la minute 38 et suivantes, et l’évocation d’un livre, Jung a l’épreuve du nazisme, que tu peux lire si tu veux du détail – oui, Jung a merdé. Et semble t-il, il s’en est sorti). Et puis il a eu ses blessures. Certains pensent qu’il a été violenté enfant, mais on n’a pas de certitude.

Carl Jung était comme tout le monde : un humain faillible qui avait un processus d’individuation a accomplir. C’est à dire un voyage de déconstruction et de reconstruction, pour devenir non pas ce que ses conditionnements l’avaient destiné à être, mais ce qu’il aspirait et devait réellement devenir. La version la plus aboutie de soi-même.

Pour cela, il a aussi fallu qu’il affronte ses Ombres, tous ces refoulements pas politiquement corrects qu’il est de bon ton de cacher sous le tapis. Nous en sommes tous perclus. Dans le jargon éso-païen, on parle de shadow-work. Et non, le shadow-work,ce n’est pas se gargariser de son pouvoir égotique pour rouler sur la gueule des autres, c’est au contraire faire face à sa propre merde pour ne plus en être l’esclave… non, tu ne peux pas te cacher derrière “je suis un con et j’assume” pour t’autoriser a avoir un comportement de résidu de fausse couche… en tous cas, ce n’est pas ça le shadow-work , ou “tavail des ombres. Carl Jung l’a t-il fait jusqu’au bout ? Je n’en sais rien : je ne l’ai pas connu personnellement.

Mais savoir qu’il avait ses conditionnements et ses limites, savoir qu’il est d’une autre ère et donc qu’une partie de son travail est obsolète, ca aide à admirer le travail de l’homme tout en gardant un certain recul.

Bibliographie et webliographie sélective

Si tu veux en savoir plus au sujet de son travail, impossible à résumer en un article, je te recommande les ressources suivantes :

L’Homme et ses symboles, son dernier ouvrage, dont il a écrit une partie et dirigé le reste, qui est le meilleur pour la vulgarisation, car le plus accessible. Il a été conçu expressément pour ça. Pour être accessible au tout venant. Le mieux pour débuter.

Ma Vie, pour comprendre un peu son cheminement de pensée tout au long de sa carrière. Il n’y évoque pas sa vie intime, ni ses dérapages. En revanche, il évoque les grandes inspirations, les tournants intellectuels, spirituels et philosophiques, etc… Il y a tout un passage sur sa version des faits concernant la guerre de clocher avec Freud.

Métamorphose de l’âme et ses symboles, le livre – beaucoup plus rêche d’accès pour le néophyte qui est celui de la scission avec Freud.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/carl-gustav-jung-le-dissident-mystique-2751451 Un pod-cast d’une heure dans lequel des journalistes posent des questions à des spécialistes : un regard forcément moins subjectif (mais qui le reste nécessairement). Cela constitue, a tout le moins, une synthèse très accessible sur l’ensemble du travail et de la personne, qui nécessitera d’être approfondie par la suite.

Je n’ai pas lu de biographies de Carl Jung écrites par d’autres que lui, mais si ca t’intéresse, le monsieur qui parle dans le podcast a publié des choses (par exemple, Jung à l’épreuve du nazisme sus-cité est de lui).

Et bien sûr, quelques ouvrages dont les auteurs ont été largement influencés par le travail de Jung :

Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estes

Le héros aux mille et un visage, de Joseph Campbell

Pour être au courant de nos activités!

Inscrivez-vous en complétant le formulaire.

Vos informations ont bien été envoyées!

Pin It on Pinterest

Share This