Comment faites-vous ? Comment faites-vous pour n’avoir qu’une seule passion ? Qu’un seul amour ? Qu’un seul dieu ?

En moi, quelque chose s’émerveille devant chaque coucher de soleil. Quelque chose s’émeut devant chaque étoile. Quelque chose qui espère rencontrer chaque créature et se laisser enthousiasmer par chaque mouvement des forces naturelles. La joie dans le rire d’un enfant. La vie dans la symphonie matinale des oiseaux. La douceur d’un sourire. Les doigts électriques d’un main désirée. La puissance du soleil a midi un jour d’avril. La ferme stabilité d’un chêne, la souplesse résiliente d’un roseau. L’envoûtante sensualité du jasmin au crépuscule. La lumineuse sagesse de la nuit. Quelque chose qui se trouve saisi de stupeur devant la force sublime et terrible des cataclysmes, qui pleure devant la souffrance du deuil, quelque chose d’abasourdi devant la naturelle absurdité de la mort.

Tout cet extérieur qui répond en miroir à mon intérieur… tout ce foisonnement… Comment faites-vous ? Comment faites-vous pour n’aimer qu’une seule fois, sous une seule forme ? Comment faites-vous pour choisir un seul métier, une seule façon d’interagir avec ce foisonnement ? Comment faites-vous pour en honorer seulement certains aspects préalablement choisis ? En vérité, j’admire ceux qui ont la vocation d’une seule direction claire et qui n’en dévient jamais. Je les envie. Ce n’est pas forcément plus facile de traverser les épreuves, mais au moins ont-ils la certitude de la direction.

Et je reste là, stupéfaite, saisie par ce monde merveilleux et terrifiant. Ce monde qui danse, et dans mes mouvements ou mon immobilité, je danse avec lui. Et je m’interroge sur la meilleure façon de tracer mon chemin dans l’infinie multiplicité des possibles.

William Turner, Le lac. Petworth. Coucher de soleil. étude parmi une série, vers 1827-1828

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