Salut mon lecteur ! Tu le sais, j’ai une passion pour le phénomène des rites de passage, à tel point que j’en ai fait mon métier ! Figure toi que quoi que l’on en pense, ces rites sont encore très présents dans la modernité… sauf qu’on n’en parle pas en ces termes, ou que l’on n’a même pas conscience de la façon dont ils impactent notre parcours de vie ! Je t’ai déjà parlé du mariage. Du fait de mon actualité, aujourd’hui j’ai envie de te parler d’accouchement.
Oui, je te parle bien d’accouchement, plus encore que de naissance. Je me place donc du côté de la mère plutôt que de celui de l’enfant. C’est évident que la naissance est un rituel de passage, le tout premier, qui mérite d’être souligné et accompagné en conscience, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Aujourd’hui je te parle de ce moment particulier où une femme devient mère (et au passage, où un homme devient père…).
Explosion du corps
Le corps pour commencer. Il est évident que chaque femme va vivre son premier accouchement de manière très personnelle. Il n’est donc pas question de faire des généralités hasardeuses. Je me risque toutefois a avancer ce que je perçois comme une réalité : à chaque accouchement, c’est physiologique, le corps se disloque. Par voie basse ou par césarienne, avec ou sans péridurale, quelle que soit l’importance de l’intervention médicale et l’intensité de la douleur, que l’on arrive ou non a entrer en état modifié de conscience, le corps doit s’ouvrir pour laisser passer le petit humain qui veut sortir. Le corps, littéralement, explose. Je n’ai pas réussi à me sortir du crâne le parallèle avec le principe du démembrement chamanique que l’on retrouve dans de nombreuses traditions initiatiques et dans de nombreux mythes comme symbole de mort et de renaissance. Et le fait est que de la façon la plus concrète qui soit, la jeune femme passe par une épreuve physique d’une grande intensité pour ensuite changer d’état et devenir mère.
Explosion de la psyché
L’esprit aussi, vole en éclat : en ce qui me concerne du moins, j’ai vécu une expérience “limite”, c’est à dire d’une telle intensité qu’elle m’a confrontée à toutes les limites qui m’habitent encore. Tout ce qui n’a pas été résolu en moi a rejailli à ce moment là. Ici, le père peut aussi le prendre de plein fouet : face à la douleur de sa compagne sur laquelle il n’a absolument aucune prise, qu’il ne peut pas endosser même partiellement, le sentiment d’impuissance peut constituer une expérience “limite” également. Renvoyer à toutes sortes de moments plus ou moins agréables et faire ressortir certains squelettes de certains placards. L’accouchement ne demande pas de courage : une fois que l’on est au pied du mur, il faudra de toute manière que les choses se fassent. On peut choisir évidement de subir l’événement ou de l’accompagner consciemment et activement, mais ce n’est pas vraiment comme si on avait le choix. L’accouchement c’est cet évènement qui vous tombe dessus (même si clairement, en France au XXIe siècle, on a la chance de pouvoir choisir d’y être ou non confronté grâce à la contraception et à la possibilité des interruptions volontaires de grossesse) et qu’il faut assumer. Choisir de prendre le taureau par les cornes rend forcément les choses un peu plus faciles, mais n’empêche, au pied du mur, il n’est plus question de reculer. Donc, ce n’est pas une question de courage. N’empêche, c’est une épreuve psychologique qui fait remonter tout ce qui n’a pas été réglé : ce qui vole en éclat, c’est la jolie structure d’évitement que l’on s’était fabriqué relativement à ces “irrésolus”, ou de façon plus optimiste, celle que l’on avait construite en croyant que nous en avions fini avec tel ou tel dossier.
Explosion émotionnelle
Tout ce qui relève des émotions prend aussi une bonne gifle. Cocktail d’hormones, douleur, fatigue, remontées psychologiques… et puis rencontre du bébé, post-partum (plus ou moins violent selon les personnes), remise en question des priorités… l’accouchement, c’est un tsunami qui rase tout, lessive, essore à pleine vitesse et laisse pas vraiment KO, mais du moins bien secoué. Le papa aussi. Et là, il faut embrayer aussi sec avec l’accueil de l’enfant et tout ce que cela impliqueau niveau social, administratif, bref, toute sortes de choses que personnellement j’aurais préféré gérer plus tard ! (mais bon au moins c’est fait).
Explosion du quotidien
Faut-il vraiment que j’insiste sur le fait que le quotidien lui aussi éclate joyeusement ? Alors certes, là on ne parle plus de l’accouchement a proprement parler mais disons des premiers jours de vie du bébé : rythmes biologiques (repas et sommeil en première ligne), belle organisation logistique (tu avais tout organisé ? dommage !), déménagement en perspective… bref, pour parachever l’expérience accouchement, saches que l’arrivée d’un bébé change juste ta vie du jour au lendemain, et que tu as beau le savoir, ben c’est une autre paire de manche de le vivre (comme l’accouchement en lui-même d’ailleurs).
En somme, accoucher, c’est faire exploser l’intégralité de ses structures : physiques, mentales, émotionnelles… avec ces petits morceaux partout, qui ont volé en éclat façon confettis (parce qu’il y a quand même quelque chose de beau et festif dans le processus, on parle de permettre à une vie de s’incarner dans le monde quand même…) il s’agira de tout reconstruire. Accoucher, c’est vivre le Big Bang à son petit niveau d’individu et ca demande une réorganisation : un nouveau corps, qui doit se remettre de ses émotions, une nouvelle vision de la vie, un nouvel équilibre relationnel, un nouvel univers à harmoniser.
Moi, ça m’évoque ça :
Alors je parle d’accouchement ici, car tu ne peux pas échapper aux bouleversements que cela impose. Mais tu le comprends grâce à cette carte du Tarot de Marseille : fondamentalement, les enseignements que l’on en retire, le rite de passage que cela implique, on peut les vivre par d’autres biais. De manière différente dans la forme, certes, mais ces expériences qui balayent tout et t’obligent à repenser l’intégralité de ta vie, on en vit tous, et pas forcément avec un bébé à l’autre bout. De façon pas super joyeuse, une opération par exemple te confronte aux mêmes explosions j’imagine… Quel a été ce moment pour toi ? Quelle a été ta Maison Dieu, celle qui t’a obligé à tout raser pour accéder à une conscience plus vaste, presque cosmique, puis à tout réorganiser ? Je t’invite à partager ton expérience en commentaire en toute bienveillance si tu le souhaite !
Comment se fait-il que nos grand-mères aient vécu autant d’accouchements pour en ressortir avec un esprit aussi étriqué ? Apparemment tout se reforme en plus solide après l’explosion. Je l’ai vu aussi avec des gens très malades, qui guérissaient. Bref, la difficulté, ce n’est pas de passer à travers l’épreuve qui comme vous le dites est obligée, c’est de ne pas se la péter encore plus quand on en sort.
J’avoue avoir du mal à comprendre votre commentaire… qui se la pète ?