Salut mon lecteur ! Je te reviens avec une nouvelle figure mythologique à te présenter, et pas des moindres ! Dans la sphère éso-païenne, Hécate jouit d’une popularité particulièrement vivace. En vérité, il semble que dans les sphères inspirées par la sorcellerie, Hécate n’ait jamais cessé d’être populaire. Peu être grâce à Shakespeare et à tous les autres, qui ne l’ont jamais laissée tomber dans l’oubli..
Parlons-en a travers la lecture du livre de Vivienne Moss, sobrement intitulé Hécate, Manuel de Dévotion. L’approche, très poétique mais pour autant documentée, permettra de rencontrer Hécate d’une manière tout à fait inattendue, à la croisée des chemins entre la Déesse païenne et la Sainte. La tonalité chrétienne est palpable dans la façon de Vivienne Moss d’aborder le divin, au cas où la couverture fort bien sentie laissait un doute. Pour autant, l’éclectisme est foisonnant et permet d’aborder la Déesse avec une originalité flamboyante et une sensibilité très particulière. L’ensemble n’en reste pas moins assez documenté et l’on pourra se référer à l’autre livre publié chez Danaé sur la même Déesse : Hécate, au seuil du sanctuaire, par Sorita d’Este et David Rankine pour une approche plus reconstructionniste. Les deux livres en tous cas se répondent à merveille pour poser les premiers jalons d’une étude sur Hécate qui se poursuivra sur la découverte personnelle. Les deux permettent d’effleurer l’essence profonde de cette déesse immémoriale dont l’origine trouve sa source dans la nuit des temps.
Hécate au niveau mythologique
Hécate est une divinité dont le visage nous glisse entre les doigts et sa mythologie fait, comme toujours, plonger de plein pied dans cette réalité. Certaines sources la font fille d’Asterie, de Déméter ou de Nyx pour la mère. Les ombres de la nuit dominent et Déméter apporte une touche chthonienne qui a du sens. Côté paternel sont évoqués Persès (le Destructeur) ou Zeus (qu’on ne présente plus). Le Ciel et la destruction. Les ascendances sont incertaines mais font d’Hécate une divinité Sombre. Ses filles ou nièces ou prêtresses (ou tout à la fois) sont Médée, Circé ou encore Scylla. Du beau monde, là encore. A travers sa myriade d’épithètes, Hécate est reconnue comme souveraine d’a peu près toute chose qui concerne la Nuit, les Ombres et les Mystères, avec ce que ça implique de magnifique (elle est Kalliste Anassa, la Belle Reine) et d’effoyable (elle est Brimo, la Terrifiante). Elle est évidement bien plus et l’une des hypothèse concernant son nom, “la Centaine” (hekaton) révèle sa dimension plus que multiple. Il n’en reste pas moins que son domaine de prédilection, le dénominateur commun, c’est l’Insondable.
Hécate au niveau cosmique
Qu’il s‘agisse de l’Océan profond et ténébreux, de l’infinie Voûte Céleste aux mille torches flamboyantes ou des tréfonds de la Terre, Hécate guide vers l’infini. Maîtresse des trois royaumes de l’Air, de l’Eau et de la Terre, elle porte aussi la Torche de l’énergie fondamentale. Maîtresse des Trois âges de la vie, elle accompagne dans tous les seuils de la naissance à la mort (et qui sait ce qui se passe au-delà). Elle avait une place prépondérante dans les Mystères Eleusiniens et les recherches de Sorita d’Este et David Rankine montrent à quel point ses origines se perdent dans l’aube de l’humanité. Vivienne Moss la qualifie de “Vide de l’Abime, qui contient tout le potentiel”. Le point zéro, celui d’où peut émerger… et bien, tout, le meilleur comme le pire. Hécate serait-elle le point du Yin Absolu ? Le vide intersidéral, qui contient tout ce qui est ? Le Silence Primordial d’avant même le Big Bang ? D’avant même la Matière ?
Hécate au niveau psychologique
Il est évident que sa nature de Guide de l’Insondable en fait une alliée de choix pour explorer ses propres profondeurs. La portée symbolique de l’Océan comme du Ciel et de la Terre n’est plus à démontrer. Hécate est également celle qui aide à franchir les Seuils. Elle est Kleidouchos, la Porteuse de clef, et ouvre donc toutes les portes, les portes de tous les possibles. Une porte qui s’ouvre le fait dans les deux sens : elle peut nous aider à plonger dans une étude de soi approfondie ou faire rejaillir à la surface quelque chose que nous avions tenté de mettre sous clef. A la lisière de tous les monde, au centre Grand Carrefour (celui qui mène vers absolument toutes les dimensions en même temps), elle nous questionne sur la santé et la folie, sur la vie et sur la mort, sur la lumière et sur l’ombre… qui sont tous issus de la Source ineffable. L’éclectisme avec Hécate devient une option tout à fait valable puisqu’elle a traversé les époques et les civilisations, amalgamée à mille autres noms de divinités des mystères. Sa forme, peut-être, est d’ombre, et les visages que nous lui voyons ne sont que des projections ? Dans tous les cas, les notions de bien et de mal ne lui sont pas pertinentes. Elle amène au cœur de toutes les vérités. A la responsabilité de chacun de choisir son chemin.
Hécate au niveau métaphysique
C’est là qu’intervient la dimension initiatique d’Hécate. Elle pose face aux choix. Elle conduit les âmes parce qu’elle est l’incarnation même de l’Ame. L’Ame du Monde, Soteria. Et par reflet, l’âme de chacun. Elle porte ainsi l’intégralité des visages de ce qui est, a été, sera… et pourrait être. Pourquoi Voilée ? Pourquoi Reine de Tous les Possibles (Reine des Sorcières, Dame de Sagesse, des Fantômes, de la Vie, des Ossements…) ? Parce que sur son visage éclairé à la lumière de la Torche qu’elle nous tend, tout scintille comme autant d’étoiles ou de gouttes dans l’océan. Et plus encore. Je ne crois pas que ce soit une déesse qui nous révèle notre Destinée. Je crois que c’est une déesse qui nous fais choisir, avec les éléments de notre vécu à disposition, la Destinée que nous souhaitons accomplir.
Quel Rituel avec Hécate ?
Les deux livres apportent de idées et des pistes incroyables de diversité, dans la mesure où les champs d’action d’Hécate sont, autant qu’elle, insondables.
Vivienne Moss apportera des idées de rituels sur la base de récits d’expérience et de prières ou invocations créés par et pour elle, ainsi qu’une liste de correspondances pertinentes mais non détaillées. Si tu veux l’explication du pourquoi du comment il te faudra aller regarder dans le livre de Sorita d’Este et David Rankine, qui apparait d’ailleurs en bibliographie de celui de Vivienne Moss. Tu y trouveras aussi des recettes de composantes qui ont fonctionné pour elles (encens, eaux magiques, terres sanctifiées…) qui par ailleurs donnent de très bonnes idées même si tu ne souhaites pas explorer une relation avec Hécate et ses énergies plus avant.
Soria d’Este et David Rankine ont quant à eux exploré les correspondances et les rituels de l’antiquité. Ils en tirent des pistes pour une pratique moderne.
Parmi tous, on citera le travail avec les morts, la bénédiction amoureuse (sisi), le travail sur les rêves, l’accouchement et bien sur toute forme de sorcellerie avec différents outils, en particulier les plantes et le métal.
D’un point de vue plus initiatique et intérieur, un rituel pour faire le point sur sa propre situation, sur ses propres carrefours peut être très intéressant. Pourquoi pas aussi un rituel pour aider à faire un choix en révélant nos motivations profondes véritables face à l’alternative qui nous est proposée. Evidement, tout rituel visant à s’aider soi-même à infléchir le Destin que l’on croit être le notre (ou à l’accepter, selon), peut également trouver résonnance.
Vivienne Moss propose enfin quelques dates clef pour des rituels récurents (pleines et nouvelles lunes, Soupers d’Hekate…) ou plus ponctuels dans l’année (parmi eux évidement, la Fête des Morts et la Nuit d’Hécate, respectivement le 31 octobre et le 16 novembre). D’autres propositions moins attendues permettront d’explorer des visages inusités.
Personnellement, j’ajouterais bien à sa liste le solstice d’hiver car à ce moment là, la nuit est la plus longue et on passe un véritable seuil, une bascule au niveau astronomique. Et plus encore, la Sainte Lucie. Anciennement, c’était le solstice d’hiver mais le changement de calendrier (de julien a grégorien) a fait des siennes. Ca reste une date clef puisque Lucie, c’est la Lumière au milieu des ténèbres, c’est la multitude des chandelles au cœur de l’hiver qui scintillent et font échos au grand voile de la nuit étoilée. En plus, dans une dynamique de carrefour syncrétique tel que si bien défendu par Vivienne Moss, je trouve du sens à célébrer Hécate le jour d’une Sainte dont certaines attributions s’en rapprochent.
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