Salut ma lectrice ! Comme tu commences à t’en être rendu compte, je suis une femme cis-genre hétéro.  J’ai écrit un livre sur le Féminin Sacré à travers le mythe de Perséphone.

Dans notre contexte social actuel, en occident, je suis le porte-étendard parfait pour la cause féministe. Parce que Dieu a longtemps été un homme, la rébellion s’est focalisée sur l’autre part de l’humanité. Les revendications  autour de l’archétype de la sorcière se multiplient, accompagnées bien souvent du revers de la médaille : une fâcheuse tendance à la misandrie. L’homme est devenu l’ennemi à abattre, en tant que représentation symbolique du patriarcat… surement comme la femme l’était devenue, en tant que représentation de la nature sauvage et flippante. Pensez donc : certains d’entre eux sont même obligés de se revendiquer comme Alliés pour ne pas se faire conspuer au moindre mot de travers (Merci les Alliés !).

Pas de pot, je n’aime pas trop porter des étendards… et mon approche spirituelle refuse de tomber dans le réactionnaire. Alors je m’intéresse AUSSI au Masculin Sacré. Je te pose donc la question sans détour : Pourquoi ? Pourquoi, en tant que Femme, je trouve crucial de s’intéresser au Masculin Sacré, c’est à dire aux figures divines masculines et aux archétypes qu’ils portent ? Quelques éléments de réponse ci-dessous…

1/ Nous sommes cernées par les hommes.

Qu’on le veuille ou non, nous avons toutes au moins un père, un époux, un frère, un fils, un cousin, un ami… bref, au moins une personne dans notre entourage proche est un homme. Je ne parle évidement pas du type toxique qui te pourrit la vie, mais de “cet ami homme” (qu’importe la nature de la relation que tu entretiens avec lui) qui est là pour toi, malgré ses défauts. Moi j’en ai plein. Un père, un frère, un époux, un enfant, des amis… Je les aime et j’ai envie d’avoir des relations de profond respect mutuel avec eux. M’intéresser aux figures du Masculin Sacré me permet de mieux les comprendre et par conséquent, d’interagir plus sainement, même s’ils restent des Mystères à mes yeux (en vrai, mes copines femmes sont aussi des Mystères).

2/ Notre psyché est à moitié un mec

Dans mon livre sur Perséphone, j’ai choisi d’accorder l’intégralité de mon langage au féminin. En avant propos, je demande à mes lecteurs hommes de faire l’effort de penser avec leur part féminine, leur Anima. Breaking news : les femmes ont aussi une part masculine, que mon estimé Carl Jung (je n’ai pas fini de te parler de lui) appelle l’Animus. En toute honnêteté, je pense que le regard de Jung est biaisé par une époque (XXe siècle) et que la division n’est pas forcément aussi stricte qu’il la propose. Je ne pense pas que le masculin soit forcément solaire et actif et le féminin lunaire passif (même si les conditionnements liés au creuset culturel sont puissants). N’empêche, comme le dit si bien AJ Dirtystein, la psyché est fondamentalement queer. Elle ne se préoccupe pas de la binarité. M’intéresser au Masculin Sacré, c’est m’intéresser à mon propre fonctionnement, mes propres projections. Je comprends bien mieux mon parcours sentimental avec le support des Archétypes masculins. Je me suis réconciliée avec beaucoup d’aspects de moi-même, et le voyage n’est pas terminé.

3/ Dieu est gender-fluid

J’ai adoré le film Dogma, qui annonce d’emblée que Dieu est une Femme et qu’elle a de l’humour. Mais à la réflexion, je ne suis pas tout à fait d’accord. De la même manière que la psyché est non-binaire, je pense que Dieu, en tant que Source dont tout est issu, ne peut pas décemment être affecté à un genre ou à l’autre. Toutes les manifestations du divin à travers les mythologies sont des formes données pour appréhender différentes facettes déjà très complexe d’un tout absolument inaccessible à l’entendement humain. La catégorisation homme/femme est issue, selon moi, d’un besoin humain de ranger les choses pour mieux les comprendre et de les ranger d’après les indices les plus visibles pour l’animal poussé à la reproduction que nous sommes. A savoir, l’appareil génital. Sans même entrer dans le détails de toutes les variations existantes entre le pôle femelle et le pôle mâle, la distinction est limitative. Les frasques mythologiques de Loki transformé en jument, Zeus en Artémis ou encore l’existences de personnages tels qu’Hermaphrodite nous renseignent sur l’aspect très réducteur d’une divinité-source qui serait soit mâle, soit femelle. La Source n’a pas de genre. Elle est asexuée. Tout le reste n’est que manifestation d’une partie de ce qu’elle est.

Même les dieux ont pour représentation de l’unité absolue des visages androgynes ! Les indiens, par exemple, ont toujours une parèdre, avec laquelle ils forment la totalité.
ici, Visnu Androgyne, conservé au musée Guimet. La photo est de Pierre Métivier et se trouve sous licence Creative Commons

Conclusion

Les personnes nées avec un appareil reproducteur mâle ne connaitront jamais l’expérience de la grossesse et de l’accouchement. Les personnes nées avec des caractères sexuels femelle devront composer avec un système hormonal cyclique et se munir de matériel technologique pour taper un sprint sans être gênée par leur poitrine. Cela n’empêchera évidement pas les premiers à être des parents aimants, ni les seconds à être des athlètes de haut niveau. Les mâles et les femelles sont différents biologiquement et son éduqués différemment (même si de plus en plus d’efforts sont faits en la matière actuellement). S’intéresser à ce que le genre opposé a de Sacré, c’est s’autoriser à toucher du doigt d’autres manifestations du Divin, même si cela reste un mystère pour nous. C’est s’autoriser aussi à dépasser la notion de dualité pour se rencontrer, peut-être, à l’endroit où nous accueillons l’intégralité de notre individu ainsi que celle des autres comme étant unique, non pas en tant qu’homme ou femme mais en tant qu’humain.

Et je continuerai a écrire sur le Féminin Sacré, afin que chacune puisse toucher du doigt ce qui fait de soi une entité unique et magique. Et je ne m’interdirai pas d’écrire sur le Masculin Sacré, parce qu’il fait autant partie de moi et qu’il me permet de mieux me comprendre, de mieux comprendre les autres, et de mieux comprendre un Grand Mystère qui se fiche de cette dualité comme d’une guigne.

Pour aller plus loin, tu peux lire Voies Sacrées pour Homme Moderne, de Dagonet Dewr, publié aux éditions Danaé, un bouquin assez généraliste qui s’appuie sur les Archétypes du Masculin Sacré tel que Dagonnet Dewr les a repérés, avec de nombreuses références à des figures mythologiques de nombreuses traditions. Ca fait une entrée en matière intéressante.

Evidemment, tu peux aussi plonger dans n’importe quel livre évoquant une divinité masculine ou dans la bibliographie de Carl Jung, ou encore dans les textes mythologiques de l’antiquité !

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