Salut lecteur ! Ca fait quelques temps que je réfléchis à la façon de te présenter un sujet qui commence à me tenir sérieusement à coeur, avec un bout de chou de dix-neuf mois à la maison. L’approche tranquille des fêtes de fin d’années me fournissent l’opportunité qui me manquait. Sauf que j’ai beaucoup de choses à dire et un article de blog, c’est limité ! Alors ce ne seront pas UN mais DEUX articles autour de la thématique de la célébration de rituels en famille ! Et histoire de faire bonne mesure, ce ne seront donc pas UN mais DEUX livres qui te seront présentés pour appuyer la réflexion ! Dans chacun des articles, je m’appuierai sur les deux livres parce qu’ils présentent tous les deux à la fois des éléments de réflexion et des éléments de pratique concrète. Tu l’as compris, ce diptyque concernera la ritualisation avec les enfants : est-ce possible dans un premier temps, et comme tu te doutes que la réponse est oui, comment faire dans un second temps.
Le support principal pour ce premier article sera, comme le titre de l’article l’indique, le livre de Monique Tedeschi édité chez La Plage intitulé La pédagogie Steiner-Waldorf à la maison. Je m’appuierai également sur le livre de Jane Meredith édité chez Danae intitulé Les rites et célébrations de la Roue de l’Année. Les deux livres entrent harmonieusement en résonnance, et pour cause : les deux s’intéressent à la ritualisation avec les enfants et les deux sont sous-tendus parce que je vais nommer une spiritualité de la Terre, le druidisme pour l’un et une wicca éclectique pour l’autre. Les angles toutefois sont un peu différents puisque le livre de Monique Tedeschi te parle de la pédagogie Steiner-Waldorf appliquée à l’instruction en famille, même si tu peux largement t’en inspirer avec des enfants scolarisés en parcours traditionnel. Le livre de Jane Meredith, lui, concerne plus précisément la célébration de la roue de l’année en tant que processus spirituel, mais tu vas voir que les ponts entre les deux approches sont très nombreux, et c’est la raison pour laquelle deux articles sont nécessaires.
Alors, peut-on ritualiser avec des enfants ? La réponse est OUI, OUI, trois fois OUI. Fin de l’article ? Non, parce que je vais un peu t’expliquer pourquoi.
Tu ritualises déjà avec des enfants
As-tu déjà fêté un anniversaire ou un mariage ? Oui ? Tu as donc déjà célébré avec un enfant et même depuis que tu es enfant, et ce quelle que soit le creuset culturel dont tu es issu. On me dira sans doute que selon les religions, on fête Noël ou pas, on a le droit de fêter les anniversaires ou non : qu’importe. Quelle que soit la spécificité, quelle que soit la célébration, tu en as déjà fait au moins une, ne serait-ce qu’un traditionnel dimanche midi en famille ou n’importe quelle réunion de ce type. Toutes ces choses sont déjà des rituels et des célébrations. Tu en as déjà fait avec des enfants et tu en as déjà vécu quand tu étais toi-même un enfant. Les rituels sont partout dans la vie humaine, parce qu’ils connectent les gens entre eux et parce qu’il amènent de la joie. L’humain aime bien ces moment là. Il en a besoin. Donc oui, tu peux ritualiser avec un enfant. La preuve : tu le fais déjà !
Les enfants et le sens du sacré
Maria Montessori expliquait déjà au début du XXe siècle que, d’après ses observations, les enfants ont naturellement le sens du sacré. Entendre par sacré : le respect et l’émerveillement devant le miracle de la vie. Les enfants sont nos maîtres en la matière. Steiner a développé sa pédagogie en s’appuyant, entre autres, sur les travaux de Montessori et abonde dans ce sens, lui aussi. Et c’est un des éléments que Monique Tedeschi met en avant dans les premiers chapitres de son livre. Pour les enfants, dont la pensée est symbolique, le rituel de célébration est naturel, tout simplement. Donc pourquoi se priver de célébrer avec eux ?
“Mais je ne vais pas leur imposer ma spiritualité quand même”
Et c’est tout à ton honneur, de vouloir leur laisser libre choix dans leur spiritualité, qu’elle ressemble ou non à la tienne (ou à la non-tienne).Là dessus, j’ai deux choses à te dire :
– d’une part, les cycles de la terre, les saisons qui passent, et bien tout le monde y est confronté, spiritualité ou pas. C’est donc le support idéal pour célébrer les rythmes de la vie, et les rythmes, pour Steiner, c’est la respiration du monde.
– d’autre part, après tout, pourquoi ne pas partager ces belles choses qui te tiennent tant a cœur et garder ton ouverture d’esprit pour le jour où ton enfant te dira qu’il préfère donner une autre forme à sa spiritualité ou non spiritualité ? Parce que derrière les célébrations, derrière la forme que tu donnes ou pas au sacré, ce sont des valeurs que tu partages. Laisser le libre champs à tes enfants pour la suite, c’est aussi leur partager le concept fondamental qu’est la tolérance. Là dessus, les deux auteures sont d’accord ! D’ailleurs, Monique Tedeschi a elle-même adapté le travail de Steiner. En effet, ce dernier est chrétien avec une philosophie anthroposophique. Monique Tadeschi a gardé les fondements philosophiques autour des notions de rythme, d’art, de nature et de simplicité pour les adapter à sa propre spiritualité druidique. Elle a gardé la grille fondamentale et y a apposé son propre sceau. Cela signifie que ses filles pourront conserver les valeurs fondamentales et broder leur propre trame spirituelle par là dessus quand elles le souhaiteront.
En fait, ça signifie surtout que c’est à la responsabilité de l’adulte que tu es de choisir un support suffisamment universel pour partager tes valeurs fondamentales et pour que tes enfants puissent profiter de toute la magie de ces moments sans tomber dans l’écueil de l’endoctrinement. Parce que l’objectif de la ritualisation avec tes enfants, ce n’est évidement pas de les faire rentrer dans un carcan intellectuel et spirituel rigide mais bien de leur fournir de la matière pour nourrir leur besoin de connexion à eux mêmes, aux autres et au monde. Un besoin, au passage, qui nous concerne tous ! C’est aussi un excellent moyen de les intégrer pleinement à tous les aspects de ta vie.
Personnellement, je n’ai pas envie que la question de la spiritualité et des interrogations métaphysiques soient un tabou dans ma cellule familiale et je pense que fermer les portes de l’inclination de chacun est le meilleur moyen de nourrir un tabou. Je n’ai pas non plus envie d’exclure mon fils de cette part importante de ma vie. Je célèbrerai donc ce qui me tient à cœur, ce qui me nourrit intérieurement, tout en ouvrant grands les portes de la diversité et de l’universalité.
Conclusion : l’énergie particulière des enfants
Enfin, et tu es bien placé pour le savoir, toi qui a été un enfant : on peut difficilement leur demander de rester immobiles et silencieux pendant une heure de rituel, à nos Petits Bouts Divins ! Personnellement, quand j’étais enfant j’avais du mal à rester à table toute la durée du repas de famille sans m’ennuyer ferme ! C’est normal ! Un enfant a envie de sauter, danser, bouger, distribuer les offrandes, souffler sur la bougie, traverser l’espace sacré sans se préoccuper de savoir si c’est le bon moment et si c’est dans le bon sens. Ceci n’est pas un frein à la bonne marche d’un rituel. Il suffit juste de prendre cette énergie de joie, de vitalité et d’enthousiasme en considération, en prévoyant des choses adaptées. Et bien sûr, petit à petit, expliquer les codes en place. Alors adaptons nos célébrations et certes, réservons les rituels qui demandent une concentration absolue ou une intimité particulière pour des moments spécifiques… nous avons évidement toujours viscéralement besoin de “nos moments à nous”. C’est important pour l’équilibre personnel et familial. Mais gardons-nous bien de considérer ceux qui impliquent les enfants comme moins sacrés. Leur spontanéité et leur enthousiasme est probablement l’énergie la plus sacrée qu’il nous est offert d’observer. Comme l’exprime Monique Tadeschi : à nous de la nourrir et de l’honorer.
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