Salut lecteur ! Voici comme prévu le second volet du diptyque sur la célébration en famille, avec des enfants de tous âges ! Si tu as raté le premier volet, on se demandait “peut-on ritualiser avec des enfants”. Nous nous penchons aujourd’hui sur la question du comment, toujours accompagnée de Monique Tedeschi et de son livre La Pédagogie Steiner-Waldorf à la maison. En revanche, c’est celui de Jane Meredith, Les Rites et célébrations de la roue de l’année, que je mets à l’honneur cette fois ! Les deux auteurs ont des approches différentes et complémentaires une fois de plus. Monique Tedeschi évoque la célébration dans le flot de la vie quotidienne tandis que Jane Meredith nous explique comment elle a intégrer pleinement l’énergie enfantine dans des rituels plus formels, à à tous les âges de l’enfance et de l’adolescence. Le plus précieux à cet endroit, ce sont à chaque chapitre un récit de ses souvenirs, qui permettent d’entrer pleinement dans la réalité terrain et voir “ce que ça peut donner”. Des inspirations magnifiques qui m’ont vraiment touchée.
Alors, quels grands principes suivre pour réussir de belles célébrations avec les enfants ? En voici quelques uns, applicables quelle que soit la tradition ou non-tradition dans laquelle tu t’inscris : les livres évoquent des spiritualités de la Terre mais les pistes sont universelles et adaptables, y compris à l’athéisme.
Les rites et célébrations de la Roue de l’année par Jane Meredith, c’est un chapitre par Sabbat et quelques règles fondamentales en fin d’ouvrage pour réussir un rituel agréable et sécurisant pour tous !
Prépare-toi !
La règle numéro un, que ce soit dit explicitement ou seulement suggéré par le détail des propositions dans les deux livres, c’est de vous préparer ! Animer des événements avec des enfants demande que tu saches exactement où tu vas et que tu connaisses ton dossier, si je puis dire. Les enfants ont besoin d’un cadre sécurisant et clair, celui-ci ne pourra l’être que si tu es prêt ! Apprends tes chansons, expérimente en amont les ateliers que tu veux proposer, assure toi des besoins logistiques, prévois du temps pour mettre en place ton espace (que cela soit pour un atelier créatif ou pour le rituel lui-même), bref, anticipe au maximum. Il ne s’agit évidement pas de devenir psychorigide mais seulement de fluidifier les choses en n’ayant pas besoin de chercher au dernier moment, au risque de perdre l’attention des intéressés d’ailleurs. Comme les deux livres évoquent les spiritualités de la terre, tu trouveras des informations très intéressante sur la symbolique des célébrations de la roue de l’année dans chacun d’eux, chacun avec son identité. Pour la partie théorique et pour faire des choix d’organisation, c’est bien pratique ! Dans Les Rites et célébrations de la roue de l’année, Jane Meredith te propose même des rituels clef en main pour chaque grande célébration. De quoi t’inspirer, ou carrément te guider si tu n’as pas d’inspiration.
Sois souple !
Connais ton dossier, oui, mais sois souple afin de pouvoir t’adapter aux aléas du direct. Cela semble aller à l’encontre du paragraphe précédent, mais en fait pas du tout : si tu sais où tu vas, si tu as bien révisé tes fiches, tu sauras ce qui est primordial et ce qui ne l’est pas, ce qui te permettra d’adapter en fonction de la spontanéité des moments ! Je pratique le jeu de rôle, et l’une des choses que l’on apprends c’est que quoi que l’on prévoie en tant qu’organisateur, les joueurs trouveront toujours à passer par le chemin le plus inattendu. Je pense que ça peut être pareil avec les enfants et certaines expériences racontées par Jane Meredith offrent des exemples intéressants non pas de débordements mais de développements imprévus ! Cela dit, un cadre bien pensé, suffisamment clair et souple, permettra de canaliser l’énergie entropique des enfants !
Privilégie les activités créatives !
La pédagogie Steiner-Waldorf est extrêmement attachée à la pratique d’ateliers et de loisirs créatifs. Cela fait partie intégrante d’une initiation à la beauté et aux manipulations directes (« La main est l’outil de l’intelligence », disait Maria Montessori). Quant à Monique Tedeschi, elle insiste beaucoup sur le fait que la célébration n’a pas besoin d’un rituel complexe : un atelier créatif sur la thématique voulue, la préparation d’un bon repas, une chanson et une phrase de remerciement, c’est déjà un rituel et ça fait le travail de célébration. Conséquemment, je ne saurais que trop te recommander chaudement d’inclure une activité manuelle à chacune de tes célébrations. Même si tu n’as pas le temps d’organiser autre chose, l’esprit de la fête sera déjà là. Jane Meredith abonde dans ce sens également puisqu’elle propose à chaque grand festival de la roue de l’année une pratique créative comme la fabrication de bougies votives pour le solstice d’hiver, qu’elle intègre par la suite dans le corps de son rituel. Un bon moyen pour amener tout le monde, enfants en première ligne, dans l’énergie du rituel où chacun retrouvera ce point de repère, grâce auquel il se sera déjà investi.
Monique Tedeschi propose une centaine d’activité créative pour occuper les petites mains tout au long de l’année, en suivant le rythme de la terre, du soleil et de la lune !
Sollicite les 5 sens, engage le corps !
Les enfants sont des êtres d’expérimentations directe. Dans la pédagogie Steiner, on dit que de 0 à 7 ans, le plus important, c’est de proposer aux enfants de ressentir le monde avant de le réfléchir. C’est une optique qui a sa logique et qui dans le cadre d’un rituel est à prendre pleinement en compte. En effet, d’après mon expérience, les rituels fonctionnent d’autant mieux si les cinq sens sont sollicités parce que cela permet de mieux les ancrer jusqu’à dépasser la frontière entre le conscient et l’inconscient. Pour les enfants, cela rendra également le rituel bien plus vivant et permettra de s’adresser à eux dans les différents langages, leur permettant de s’approprier le moment par le biais qui leur correspondra le mieux. Au passage, cela vaut aussi pour les adultes. Les retours d’expérience de Jane Meredith confirment que l’ambiance soignée sollicitant les différents sens permettent de donner cette épaisseur au rite et d’investir pleinement tous les participants, dont les enfants. Le mouvement et le chants qui impliquent le corps à des degrés subtils et qui sont très efficaces pour court-circuiter le mental sont particulièrement recommandés ! Au passage cela aidera sans à canaliser leur énergie et à favoriser la concentration pour les moments plus calmes ! Tu trouveras dans le livre de Monique Tedeschi de nombreuses références de chants à chaque saison, mais là dessus, Internet est également ton ami !
Considère les enfants comme n’importe quel autre participant !
Dernier conseil qui se dégage des expériences des uns et des autres : prends les enfants au sérieux ! Ils ne sont pas là juste pour décorer ou juste parce qu’ils ne dérangent pas : ils font pleinement partie du rituel. Les enfants ont une énergie particulière que nous occultons avec l’âge pour en acquérir une autre : c’est le cycle de la vie, c’est normal. Cela veut dire que pour un rituel, un enfant porte en lui-même une énergie propre à son âge d’une part et propre à son identité d’autre part qui est un trésors précieux puisque personne d’autre que lui ne le véhicule. Les retours d’expérience de Jane Meredith sont très édifiants à ce sujet. Elle relate en particulier le symbole de la jeunesse qu’ils constituent nécessairement mieux que quiconque mais aussi une énergie primitive et sauvage qu’il leur est facile de contacter, à la surprise des grandes personnes. Elle transcrit également leur investissement et leur engagement réels. Je pense sincèrement qu’il s’agit tout simplement considérer, non pas comme des adultes en miniatures mais comme des individus avec leurs spécificités. De les inclure entièrement et non pas de les inviter à regarder.
Intégrons donc nos enfants à nos rites, au moins à certains d’entre eux, avec tendresse, amour et simplicité. Ainsi, nous leur offrirons le cadeau d’une connexion aux Grands Cycles Cosmiques avec, je crois, une sécurité intérieure liée à la certitude d’avoir une vraie place et non pas une place de seconde zone dans la vie de leurs parents, dans les rites et dans l’univers. Ouvrons leur la porte de l’émerveillement et de la spiritualité, celle qu’ils pourront développer par eux-mêmes ensuite de façon saine et libérée puisqu’elle n’aura pas été un tabou, puisqu’ils auront pu la toucher du doigt, même si c’est pas nos filtres.
Intégrons les à nos rites et offrons-nous, par la même occasion, le cadeau de leur sagesse intuitive et de la reconnexion avec une énergie que nous avons portée et que nous avons perdu de vue.
Crédit photo : Camille Serres. Usage interdit 😉