Salut mon lecteur ! C’est fin décembre ! Tandis que les célébrations de fin d’année battent leur plein, une autre tradition se profile à l’horizon : la prise de bonnes résolutions ! Avec les énergies de la Lune Noire du 26 décembre qui vient de passer, lors de laquelle a également eu lieu une éclipse de soleil. C’est la lunaison qui profite de ses jolies nuances mais  également un cycle de six mois. Cela signifie que toute la période du solstice d’hiver au solstice d’été sera couverte… une dynamique symbolique très intéressante ! Les astrologues nous parlent de construire ou reconstruire sur des bases saines toutes sortes de choses dans nos vies, en laissant derrière nous la quête de pouvoir, la vanité et les schémas sclérosants pour aller vers une authenticité profonde, enracinée dans nos valeurs les plus nourrissantes, avec rigueur, persévérance et honnêteté. Une excellente dynamique pour se poser ou se reposer les questions fondamentales relatives à nos quêtes spirituelles, afin deviennent plus que des actes mécaniques posés “parce que c’est comme ça qu’on fait” ou de jolies stories sur Instagram. Pour ce faire, la solution la meilleure, c’est encore de commencer par se poser les bonnes questions…

Le support : La Voie du Paganisme de John Beckett

John Beckett est païen, sa voie est le druidisme. Il a écrit un livre intitulé La Voie du Paganisme pour aider le néophyte à se positionner, ou du moins à trouver de premières pistes pour tracer sa propre voie. Il l’a écrit aussi pour aider le praticien solitaire à relancer sa quête au moment où celle-ci pourrait se mettre à patiner. Lui-même issu d’une tradition fondamentaliste chrétienne et cerné par les sceptiques, il a eu à déconstruire et reconstruire de nombreuses réflexions et de nombreux schémas pour trouver l’équilibre dans lequel il se sent pleinement heureux et épanoui, dans le respect de ses croyances, de ses convictions et des réalités de la modernité (aussi bien en termes social qu’en termes de connaissances scientifiques, etc…). Cela fait de son livre un excellent support de réflexion pour se poser les dites questions. Bien sûr, il sera d’autant plus pertinent pour toi si, comme moi et comme John Beckett, ta voie s’inscrit dans le paganisme ou assimilé, mais en vérité, les réflexions sont assez universelles. Tu peux y trouver de la matière quelle que soit ta spiritualité, et même et surtout si tu ne sais pas trop comment te définir.

Dans tous les cas, je vais m’appuyer sur son travail pour te fournir quelques pistes de questions à te poser pour bien commencer ou recommencer dans ta propre spiritualité.

la voie du paganisme, John Beckett : la traduction française est éditée chez Danae

Question 1 : Pourquoi je fais ce que je fais ?

Tu ne pourras en vérité jamais vraiment répondre pleinement à cette question. Si tu ressens l’appel de la spiritualité, il y a sans doute des tas de raisons conscientes mais surtout inconscientes que tu ne pourras pas résoudre en quelques mois. Tu peux tout de même te poser la question en toute honnêteté et lucidité. Est-ce que tu cherches à t’inscrire dans une religion parce que c’est ton habitude mais que celle dans laquelle tu baignes déjà ne te convient pas ? Est-ce que tu as peur de certains grands mystères (au hasard, la mort) et tu cherches à te rassurer ? Est-ce que tu ressens l’appel de l’expérience religieuse ? Est-ce que tu sens qu’il y a des choses qui t’échappent et que tu as envie de t’y frotter pour voir jusqu’où va ta compréhension, et avec quels outils ? Est-ce que tu as déjà eu des expériences fortes et cherches-tu, dans ce cas, à tout simplement structurer un peu tout ça ? John Beckett aborde tous ces éléments du point de vue du paganisme, bien évidement, et donne des réponses en fonction de ses propres compréhensions, que je trouve ma foi pleines de bon sens (même si je n’adhère pas à absolument toutes ses façons de voir).  Le plus important des messages ici est la responsabilité : la religion ou la spiritualité n’est pas tant là pour te rassurer sur l’existence d’un pays merveilleux après la mort si tu fais bien le nombre de bonnes actions prescrites, mais pour t’aider à vivre ta vie en harmonie avec tes valeurs profondes. Et pour cela, il faut se remonter les manches et poser les actes en accord avec les valeurs que l’on prône. Une des phrases souvent répétées, c’est “le paganisme, ce n’est pas tellement ce que l’on croit, c’est ce que l’on fait”. Je trouve que toutes les spiritualités trouveraient à s’enrichir de cette responsabilisation.

Question 2 : Où est-ce que je me situe ?

John Beckett aborde quatre piliers fondamentaux qui soutiennent ce qu’il appelle la Grande Tente du Paganisme (ce grand chapiteau où l’on fourre de tout, ce qui explique la grande diversité des pratiques de personnes qui se disent toutes païennes). Ces quatre piliers permettent de se situer, que l’on se réclame du paganisme ou pas. Je trouve qu’ils sont une grille d’analyse intéressante. La question sous-jacente est : qu’est-ce qui t’intéresse le plus dans la spiritualité ?

La vénération de la nature

Es-tu plus intéressé par la célébration de la nature, de ses rythmes, de son fonctionnement ? Peut-être que tu y inclus la vénération des esprits des rivières ou des forêt par exemple, ou peut-être juste te sens tu plein d’émerveillement devant le miracle tous les jours renouvelé d’un coucher de soleil ou d’un ciel étoilé. Peut-être aussi te sens tu investi d’une mission en matière d’environnementalisme. La vénération de la nature parle de vivre dans le monde et de respecter sa respiration, voire de la protéger ou de la défendre. Elle ne parle pas nécessairement d’une croyance en une divinité quelconque. Le païen se sent souvent proche de la nature mais d’une part, pas toujours, et d’autre part, pas besoin d’être païen pour ressentir cet émerveillement.

La vénération des dieux

Es-tu polythéiste, moniste, athée (ce qui t’éloigne bien sûr du pilier de la vénération des dieux) ? Y a t-il un panthéon personnel ou culturel que tu te sens investi d’honorer au quotidien ? Et dans quelle mesure ! Il ne s’agit pas ici de demander toujours plus de faveurs, mais d’honorer les figures mythologiques qui t’inspirent (quelle que soit la mythologie), à travers la prière, la méditation, l’offrande, le rituel, bref, comme si tu développais une relation d’amitié avec quelqu’un en lui consacrant du temps et de l’énergie… sauf que ce quelqu’un est a priori impalpable et a une sagesse et un pouvoir qui te dépasse… (et auprès duquel tu peux te laisser inspirer).

La transformation personnelle

Pars tu en quête spirituelle pour mieux te connaitre toi-même, explorer tes profondeurs et te transformer de l’intérieur ? Te sens tu appelé par la pratique de disciplines énergétiques pour un travail de fond de développement spirituel et individuel ? Une forme de travail d’alchimiste pour trouver le plomb au centre de ton être et le transformer en or, devenir la meilleure version de toi-même ? Ce centre d’intérêt pose la question de la résonance entre soi et l’univers, et de l’harmonisation entre ces deux infinis : l’infini intérieur et l’infini extérieur.

La vie communautaire

Te sens-tu inspiré dans ta quête spirituelle par l’appartenance à une ou plusieurs communauté, à un dévouement envers tes pairs. Communauté spécifique, humanité, écosystème… à toi de déterminer qui sont tes pairs, même si en vérité, la question de la protection animale, végétale ou minérale aurait tendance à se situer au niveau “nature”… mais rien n’empêche de se situer à mi-chemin entre les deux ! Les piliers ont des frontières fluides ! As-tu envie de consacrer du temps et de l’énergie à tes congénère et si oui, sous quelle forme ?

Cette question de la situation n’a pas besoin (et ne peut pas vraiment) être décidée de façon définitive dès le début d’une pratique, ni même au milieu. C’est évident que le positionnement fluctue en fonction de l’évolution de la vie. Mais cette grille d’analyse est très intéressante (quelle que soit la religion, une fois de plus) parce qu’elle permet de se positionner et de placer des priorités générales et plus particulières. Par exemple tu peux déterminer que tu te situes plus du coté personnel et avoir envie de prioriser un peu plus sur le communautaire cette année, pour expérimenter de nouvelles choses. Ou l’inverse ! Ou tu peux décider que pour commencer, tu te sentirais mieux dans l’action concrète de l’environnementalisme en t’investissant dans une association plutôt que dans la dynamique méditative… à toi de voir comment tu te positionnes et comment ça t’aide à trouver un fil conducteur pour explorer et avancer ! Peut-être même que c’est vraiment flou pour toi et que ton enjeu de l’année, ce sera de tester différentes choses et d’observer justement pour déterminer une orientation générale !

Question 3 : Qu’est-ce que je fais de la science ?

John Beckett est formel : la science est tout à fait compatible avec la spiritualité. Il va même au delà en affirmant sans détour qu’une mauvaise science fait une mauvaise religion. C’est à dire qu’il est évidement HORS DE QUESTION de nier les faits que la science à prouvés avec sa méthode. Même (et surtout) si cela va a l’encontre de sa religion ou de sa spiritualité. En vérité, il te dit clairement que si ta spiritualité te demande de nier les réalités prouvées par la science, c’est qu’elle est à côté de la plaque. On ne peut pas se passer de la science. Dans le cadre du paganisme, c’est encore plus important que la nature est au cœur de la célébration. Et d’après John Beckett, célébrer la beauté et la magie de la nature, ça commence par apprendre à en connaitre le fonctionnement. Evidement, nous ne sommes pas tous destinés à devenir Prix Nobel de Physique, de la même manière que nous ne sommes pas tous destinés à devenir curés (ce qui ne nous empêche pas de célébrer nos propres rituels) ou boulangers (ce qui ne nous empêche pas de faire notre pain si l’envie nous en prend). Toutefois, il est primordial, d’après Beckett, de remettre la science à sa bonne place, avec ce qu’elle nous apprend sur le monde et avec les limites qui sont les siennes. La science peut expliquer comment la vie a évolué depuis les premières bactéries aquatiques jusqu’à la diversité que nous connaissons. Elle ne peut pas expliquer, du moins pas à ce jour, comment l’univers a été créé et pourquoi il existe. La science laisse des vides. Il ne s’agit pas de les remplir avec n’importe quoi, mais ils sont là néanmoins. Par ailleurs, la science n’a pas le monopole de la vérité. La vérité mythique et la vérité mystique sont des vérités intérieures et peuvent, d’après Beckett, nous révéler des choses que la science ne peut pas nous dire. On parle ici de symbole, de psyché, de numineux, de religiosité… Toutefois, il s’agit de ne pas mélanger les méthodes ou de se faufiler dans les failles de l’une ou de l’autre méthode pour mieux exprimer la prééminence de celle que l’on préfère. Ce serait malhonnête. Donc, qu’est-ce que je fais de la science ? Je la prend pour ce qu’elle est, je la respecte, je l’étudie et je l’intègre pleinement à mon système en ayant conscience que la méthode scientifique apporte certaines réponses et les démarches symboliques et spirituelles en apportent d’autres. Pas les mêmes. Pas dans les mêmes domaines.

Conclusion :

John Beckett apporte énormément de pistes de réflexion mais son credo, c’est d’harmoniser réflexion et action ! C’est pour cela qu’il livre toutes ses conclusions à ce moment de sa pratique mais qu’il enjoint véritablement à mettre les mains dans le cambouis et à tester. Tester la méditation, tester l’offrande, tester l’investissement dans une association ou dans un groupe, tester la magie… tester par soi-même et expérimenter ce qui marche pour soi ! Et pour aider le lecteur parfois perdu devant l’immensité des possibles, il donne des pistes concrètes. Des méditations, des rituels, des expériences à mener… J’ai particulièrement apprécié cet aspect de son livre, très pragmatique, qui ne laisse pas le néophyte dans le dénuement total face à des conseils généraux faciles à donner. J’ai aussi apprécié tout le chapitre concernant l’approfondissement, ce moment où l’on peut se retrouver à avoir fait le tour de son “niveau” et à se demander par quel bout poursuivre l’étude. Là encore, Beckett fourni des pistes plus ou moins dessinée, à chacun de suivre le tracé qui l’inspire !

Alors fais le point sur l’endroit où tu te situes et dis moi en commentaire ce que tu as envie de tester cette année pour aller plus loin !

Pour aller plus loin, le blog de John Beckett, en anglais :

Under the Ancient Oak

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