C’est bientôt Halloween. C’est l’heure des bonbons, des déguisements et des citrouilles en plastiques, même si cette célébration rituelle laïcisée ne s’est pas trop démocratisée en France. Le 1er novembre, ce sera aussi l’occasion de repenser à nos morts. Le rituel chrétien peut sans problème être réinvesti, car ça ne fait jamais de mal de se remémorer une personne chère disparue. Si je te dis que cette célébration ne vient pas de nulle part, toi qui commences à avoir l’habitude de ce site, tu ne seras guère surpris, n’est-ce pas ? Dans des traditions plus anciennes, dans les traditions celtiques, Halloween s’appelait Samhain. C’était l’un des festivals les plus importants de l’année parce qu’il marquait la fin des dernières récoltes et l’entrée dans l’hiver. c’est surement le plus populaire dans les traditions néo-païennes. Parmi les divinités que l’on célébrait et que l’on célèbre encore à cette période, La Morrigan, aussi Sombre que Mystérieuse. Aujourd’hui, je te parle de ce que j’ai compris de son essence, tout particulièrement à travers le livre de Morgan Daimler intitulé La Morrigan, à la rencontre des Grandes Reines, publié chez Danae..
Morrigan au niveau mythologique
C’est un des éléments les plus intéressants avec la Morrigan : rien n’est simple ! Dès le moment de sa contextualisation mythologique, on se rend compte de la complexité de la Déesse. Sont-elles une ou plusieurs ? L’une s’appelle La Morrigan, d’autres se drapent de ce terme comme d’un manteau de reine : morrigan est aussi un nom commun, un titre. Est-elle l’épouse de Dagda ? Celle de Nemed quand elle est Macha ? Ou celle de Net quand elle est Badb ? Morrigu, Macha et Babd sont-elles trois soeurs ou trois visages de la même déesse ? Les questions se posent, les réponses sont rares. Morgan Daimler est reconstructionniste, c’est à dire qu’elle cherche à comprendre précisément, avec des sources solides, comment les rites se déroulaient dans l’Antiquité et quelles étaient les concepts phares. Ses recherches sont approfondies et les documents les plus sérieux possibles. Malgré cela, elle ne parvient pas a apporter de réponses définitives la plupart du temps. Il faudra donc se contenter de ce que l’on a et que je ne pourrais te retranscrire en quelques lignes. La mythologie irlandaise est foisonnante mais ce qui nous en est parvenu reste lacunaire, ce qui n’a rien d’étonnant venant d’une civilisation de l’oralité, dont ce qui nous est parvenu a été transmis par le filtre d’une spiritualité concurrente. La Morrigan conservera son voile de mystère.
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Morrigan au niveau cosmique
Morgan Daimler commence par parler de Morrigan comme d’une déesse de Bataille. Au fil des pages, les diverses traductions des divers noms qu’elle peut porter ainsi que ses attributions la ramènent au carnage, à la guerre, au combat à la mort violente. L’auteure rapporte que l’étymologie de Badb la connecte à la notion de poison puisque le mot “vénimeux” est employé. On est très loin de l’image du soleil que pouvait porter Vénus, ou même de la notion de cycle vie/mort/renaissance portée par Perséphone. En tant que force cosmique, la Morrigan me rappelle l’effort que chaque humain fait pour vivre. Le hurlement du nouveau né qui souffre de respirer, mais qui le fait quand même. L’énergie du désespoir du guerrier qui s’emploie à survivre envers et contre toutes les épreuves. L’enfant qui sort sa mère d’une voiture en feu malgré son petit poids et sa petite force. Toutes ces batailles appartiennent à l’énergie de la Morrigan, l’énergie du Sang qui coule dans les veines et sur le champ de bataille. Cosmiquement, la Morrigan c’est la vie qui se bat pour exister, et qui rend son dernier souffle quand il est temps de laisser la place à une autre vie, plus forte, plus jeune. Morrigan nous rappelle que vivre c’est se battre et c’est tuer ou être tué.
Morrigan au niveau psychologique
Son apport au niveau psychologique devient évident : Morrigan sera une figure guide exceptionnelle pour traverser toutes les batailles que la vie nous impose. Maladie physique ou psychologique, épreuve relationnelle ou judiciaire (son épée sera un solide appui pour trancher), la Morrigan garanti que l’on sortira plus fort, grandi. Que l’épreuve n’aura pas été vaine et que, traversée avec force et courage (qu’elle peut inspirer), elle sera porteuse d’enseignements précieux.
Morrigan au niveau métaphysique
C’est que Morrigan est une déesse d’initiation. Morgan Daimler rappelle que les personnes se sentant investies de l’énergie de la Morrigan ont rarement une vie de tout repos. Peut-être leurs épreuves sont-elles plus nombreuses. Je connais moi-même une Fille de la Morrigan dont l’histoire de vie ne fait que confirmer le propos de l’auteure. Mais cette amie comme l’auteure du livre se rencontrent également sur ce point : à la clef, c’est l’initiation vers une véritable croissance spirituelle. Morrigan enseigne la résilience, c’est à dire le fait de se relever, toujours, toujours plus fort. Mais elle enseigne aussi la transcendance. Dépasser les limites du corps pour atteindre une transcendance de l’âme. Peut-être guide t-elle vers une forme d’apaisement face aux épreuves que réserve ce champs de bataille qu’est la vie, et peut-être permet-elle aussi d’accueillir avec une forme de soulagement les périodes de repos dont la mort constitue l’ultime occurrence.
Quels rituels avec Morrigan
Les prières proposées par Morgan Daimler donnent de sérieuses pistes quant aux rituels que l’on peut réaliser en s’inspirant de l’énergie de la Morrigan. Toutes parlent de chercher la force de traverser telle ou telle épreuve, chaque visage de la Morrigan évoqué ayant sa spécialité si l’on peut dire. Parmi les thématiques qui reviennent :
– trouver le courage de se séparer de ce qui est mort
– trouver la force et le courage de traverser telle ou telle épreuve psychologique ou physique
– se connecter à son intuition profonde et à sa sagesse intérieure, dans l’aspect de Morrigan Prophétesse. Cela peut être extrapolé à la question de la lucidité pour aborder au mieux tel ou tel point flou dans sa vie.
Quant aux périodes les plus adaptées, bien sûr la période de Samhain (31 octobre, particulièrement la lune noire à proximité) sera idéale, surtout pour le deuil et l’intuition, mais Morgan Daimler évoque également d’autres festivals celtiques, en particulier Beltaine (le 30 avril), que les druidisants apprécieront tout particulièrement, ou les solstices d’été et d’hiver.
Je n’aime pas. C’est parfois juste mais très incomplet. On ne parle même pas de la fonction primordiale de la déesse, à savoir la souveraineté. Et la Morrigane est bien une déesse liée à l initiation, à la mort et à la renaissance. Comme l’illustre la mort de Cuchulain.
Merci pour cet article approfondissant un peu plus que les simples notions que l’on peu trouver sur internet, comme le rapport de souveraineté ou de cycle de vie 😊
On peu déjà un peu mieux cerner son rôle, ses attributs et le point psychologiques culminant sur lequel elle nous fait le plus travailler.