Salut mon lecteur ! Demain, c’est Samhain, la célébration sorcière par excellence dans la wicca occidentale. J’aurais préféré te présenter Lilith au moment de la Lune Noire, mais mon emploi du temps ne me l’a pas permis. Le seuil de l’année sorcière est une période tout à fait acceptable néanmoins pour évoquer la Reine des Sorcières, à travers le regard d’Athénos Orphée et du livre qu’il lui a consacré..

Lilith au niveau mythologique

Les informations les plus connues au sujet de Lilith en font la première épouse d’Adam, forgée dans la même glaise que lui, donc hiérarchiquement son égale. Dans la théorie du moins puisque forte de cette égalité, elle a refusé de se coucher sous Adam, ce dernier s’est plaint a Dieu et comme Lilith a perduré dans son refus, Dieu l’a mise à la porte de l’Eden. C’est sur cette base qu’elle est allée épouser Satan, comptant désormais parmi les rangs des réprouvés et bien décidée à embrasser pleinement ce rôle de femme puissante et rebelle. Elle pourrait aussi bien être le serpent qui offre à Eve la pomme de la connaissance

Ce que l’on sait moins et qu’Athénos Orphée rappelle dans les premières lignes de son opuscule, c’est que Lilith apparait en tout premier lieu dans la mythologie sumérienne comme une servante d’Innana qui a établi sa demeure dans le tronc d’un arbre. Ce dernier est également habité dans ses racines par un serpent et dans ses branches par un oiseau. Elle s’en fait chasser par Gilgamesh sur demande d’Innana et elle s’enfuit dans un lieu sauvage.

Dans les deux mythes, Lilith refuse de plier aux règles érigées par les Dieux plus puissants qu’elles au prétexte de leur seule autorité et s’enfuit dans les contrées les moins civilisées. Le ton est donné.

Lilith au niveau cosmique

Chaque mythe mérite évidement une lecture approfondie et individuelle pour en débusquer les spécificités, mais voilà Lilith qui se fait bouter hors d’un jardin sacré, autour de la thématique de l’Arbre et sa symbolique d’axe du monde dans les deux cas. Lilith était là la première, Lilith est en lien direct et profond avec la Nature et la Vie (l’arbre et la glaise), Lilith est directement connectée au cosmos puisqu’elle est profondément connectée à l’Arbre Sacré dans lequel elle vit où à la Terre glaise dont elle est modelée. Lilith, enfin, se fait chasser et remplacer par un ordre nouveau, dans lequel elle devient une marginale, voire une adversaire. En analysant un peu tous ces éléments, je vois en Lilith la Femme Primordiale, porteuse de l’énergie cosmique de la Vie, farouche, ancrée, capable de refuser aux puissants parce qu’elle est elle-même très consciente de sa propre essence divine et cosmique. Lilith est “celle qui dit non”, tout simplement parce qu’elle est celle qui s’affirme dans son droit d’exister. Elle est l’énergie primordiale de la Déesse de la Vie que l’on peut déloger mais jamais détruire. En tant que Déesse de la Vie et avec cela de l’incarnation dans la chair, elle ne peut qu’avoir une libido débordante qui sera diabolisée par les monothéismes. Finalement Lilith est ce qui se rapprocherait de ce que les Grecs auraient appelé une Titanide, si ce n’est qu’elle s’inscrit dans le corpus mythologique judéo-chrétien ou dans le corpus sumérien. Une force primitive et sauvage, donc, que l’ordre cosmique bien ordonné doit bouter et envoyer aux Enfers pour pouvoir passer à une civilisation de l’agriculture, donc de la Nature domestiquée.

Note : le judeo-christianisme s’inscrit évidement d’emblée dans une civilisation de l’agriculture, mais on repère néanmoins le même phénomène de la domestication de la nature dans la chronologie narrative du mythe.

Lilith au niveau psychologique

N’est-il pas aisé de voir en Lilith, sur cette base, l’anthropomorphisation des pulsions primitives liées à la survie ? Désir sexuel, bien sûr, mais aussi réflexe de protection avec le choix d’un lieu de vie sécurisé (dont elle sera chassée), expression d’un ego sain, celui de l’affirmation de soi à égalité avec l’autre… et bien sûr, résilience : suite à son exil, Lilith trouvera un autre lieu de vie, dans un environnement plus sauvage, plus hostile, mais dont elle saura apprivoiser les codes pour en faire son royaume. Et pour finir, colère, vengeance et rébellion assumée : elle trouve sa place là où on la lui donne, avec pour arme et support un feu vengeur qu’elle n’aura de cesse de faire brûler tant qu’elle n’aura pas obtenu réparation. Psychologiquement, elle représente évidement toutes nos pulsions de vie dans ce qu’elles ont de plus fertile et de plus destructeur. Elle nous engage à nous reconnecter à nos pulsions primordiales et à leur redonner place dans notre Jardin Sacré intérieur, là où se situe sa véritable demeure. Elle nous enjoint à ne plus la chasser mais au contraire à l’accueillir afin qu’elle puisse retrouver sa nature fertile (au sens symbolique du terme, il n’est pas nécessairement question d’enfant mais bien d’une énergie de vie créatrice au sens large) et non plus destructrice. Elle nous propose enfin d’apprivoiser ces pulsions destructrices comme des signaux d’alarme que notre intégrité a été bafouée. Ces pulsions deviennent alors des injonctions à obtenir réparation quand cela doit et nous poussent à engager toute notre force de vie dans le combat pour la justice si cela s’avère nécessaire.

Lilith au niveau métaphysique

Bien évidement que Lilith est une déesse d’initiation, et Athénos Orphée insiste largement à ce propos. Il évoque la wicca luciférienne et dans les traditions wiccanes, la dimension initiatique de la voie spirituelle est au cœur des préoccupations. Il parle de Lilith comme de la Reine des Sorcières, parce que la Voie des Sorcières pousse à reconnecter les énergies primordiales de la vie en soi et dans le monde qui nous entoure. C’est une quête initiatique à part entière, parce que ce chemin pousse à une introspection profonde, à mettre en balance les dogmes et les cadres proposés par notre civilisation, bref, à se mettre face à ses conditionnements et à les détruire méthodiquement pour reconstruire un mode de vie directement connecté à notre Arbre Sacré intérieur. Le sceau de Lilith présenté par l’auteur est édifiant à ce sujet, intriquant des symboles évoquant les zones d’ombre, le miroir de l’âme, la triplicité de la déesse (qui par ailleurs se présente comme Maîtresse des Trois Royaumes de l’Air, de l’Eau et de la Terre par ses différents attributs) et, bien évidement, l’athanor par excellence, le sexe féminin. Sa couleur est le rouge, c’est la couleur du Grand Oeuvre Alchimique. Sa fleur est la Rose, le symbole occidental de l’élévation spirituelle. Son chemin, nous dit Athénos Orphée, est exigeant et la Déesse est exclusive : c’est une voie sur laquelle on s’engage une fois pour toutes, sans retour arrière possible. Un chemin de tout une vie. Et une fois le chemin de reconnexion à ta nature profonde entamé, une fois ton ego harmonisé (ou en voie de l’être) avec ton âme, tu ne peux plus te contenter des costumes étriqués de la bienséance. La Voie initiatique de Lilith t’amène à ta vérité nue, primitive, sauvage. C’est la voie de la sorcière car c’est là que cette dernière tire son plus grand pouvoir : au centre d’elle-même, libre de tous les carcans, dans l’oeil du cyclone qui est aussi le centre de l’univers, le centre de l’Arbre Sacrée. Lilith enseigne un retour chez soi, dans ce centre cosmique et métaphysique où toutes les énergies se concentrent, à la Source de ta Divinité intérieure. Au cœur même de ton Pouvoir.

Quels rituels avec Lilith ?

Athénos Orphée a voulu son livret comme un véritable guide pratique. Tu trouveras donc plusieurs rituels à effectuer pour obtenir des effets particuliers : protection, bannissement, demande d’aide, offrandes et célébrations… l’auteur insiste sur le fait qu’une relation avec une divinité, ca s’entretient de la même manière que l’on entretient des amitiés par des actes de rencontre, de demandes d’aides, mais aussi des offrandes (cadeaux ou temps passé ensemble, tout simplement). Le parallèle est fait pour permettre une meilleure compréhension, mais il ne considère pas pour autant qu’une divinité se traite comme on traiterait un bon pote. Selon la façon dont tu perçois le principe de divinité, tu adapteras son discours. Dans tous les cas, il propose de nombreuses pistes pour t’accorder aux énergies portées par la figure de Lilith, avec des détails comme ses offrandes favorites, les jours les plus pertinents ou encore les couleurs qu’elle préfère. Quant aux thématiques, tu peux évidement largement t’inspirer de l’article ci dessus ou de ce que te propose le livre.

Les périodes à privilégier pour un travail avec Lilith sont d’après Athéos Orphée les vendredis et les lunes noires. Evidement, c’est encore mieux un vendredi de lune noire ! Saches qu’il y en a trois en 2020. Parce que je suis sympa, je te les ai listés :

Vendredi 24 janvier 2020

Vendredi 22 mai 2020

Vendredi 16 octobre 2020

Si tu rates ces dates, ne t’en fais pas : tu peux te rattraper sur les vendredis, y compris ceux qui sont un jour 13 bien sûr, ou sur n’importe quelle Lune Noire. Cela dit, si tu as l’intention de dédié toute ta pratique spirituelle et sorcière au matronage de Lilith, ça vaut peut-être le coup de ne pas rater le coche…

Et si tu veux simplement t’inspirer de la figure de Lilith pour faire un travail particulier d’empowerment, ou sur une thématique bien précise de ta vie ? L’auteur déconseille, mais moi j’ai tendance à dire que si la Déesse veut bien, si elle entre en résonance avec une part de toi, renseigne toi et fonce. Qui sait, ça t’ouvrira peut-être des perspectives insoupçonnées…

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